Valérie Dittli a un grand cœur. Si grand qu’il est à deux endroits à la fois. C’est elle qui le dit. Pourquoi ne pas croire une formule aussi finement ciselée pendant deux semaines silencieuses?
Ses changements de domicile se sont faits en toute légalité. L’expert mandaté par le Conseil d’État l’a dit hier.
Or, pour expliquer en long et en large que Valérie Dittli avait raison de payer ses impôts à Zoug, il a démontré que son cœur était principalement là-bas. Oui, c’était à cette même époque où la même Valérie Dittli affirmait que son cœur était principalement à Lausanne, qu’elle en était amoureuse depuis des années.
Bien sûr, il y a la vision juridique et fiscale, différente de la vision sentimentale. La première permet de distinguer avec netteté si une infraction a été commise. La deuxième permet d’évaluer l’attachement humain.
Cet attachement, puisque Valérie Dittli était une militante, responsable d’un parti vaudois, aspirant aux fonctions exécutives communales et cantonales, est devenu une question politique centrale: le lien qu’elle a tissé avec les Lausannois et les Vaudois. Ces liens-là, ses électeurs l’évaluent aujourd’hui, a posteriori.
En étant disculpée par l’avocat fiscaliste mandaté par le Conseil d’État, Valérie Dittli remporte une victoire. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus, car, en creux, l’expert a démontré qu’elle voyait son avenir en Suisse allemande.
Pire encore: il a expliqué que Valérie Dittli, dès 2016, avait le choix de se domicilier en résidence principale à Lausanne, c’est-à-dire de choisir d’être assujettie au fisc vaudois, sans que cela soit une infraction. Il tord ainsi le cou à l’idée selon laquelle «on ne choisit pas son domicile fiscal». Dans certains cas comme le sien, oui on peut.
L’expert est indépendant de Valérie Dittli. Mais son mandat a été défini par le Conseil d’État. Celui-ci n’est pas indépendant de la ministre, une de ses sept membres. Sa majorité de droite encore moins.
Dès lors que Valérie Dittli disposait de ce choix de domicile, il est légitime de savoir si cette salariée de l’Université de Lausanne économisait ou non des impôts. La question est restée dans l’ombre, par un choix du gouvernement. Dommage, car le porte-monnaie n’est jamais loin du cœur.
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Éditorial – Un cœur grand comme ça
Grâce à son attachement à Zoug, Valérie Dittli y payait ses impôts, tout en déclarant sa flamme aux électeurs vaudois.