Exposition itinéranteUn Davel contemporain part à la rencontre du public et des gymnases
Derrière une expo novatrice, le héros vaudois a été remis en perspective et adapté à notre époque pour toucher les plus jeunes. Un peu une «Greta Thunberg du XVIIIe siècle».

Trois siècles après son exécution à Vidy, le major Davel reste l’incontournable héros vaudois. Un «récit fondateur de notre canton», ont répété les autorités à l’heure d’inaugurer l’exposition «Davel ou la vocation citoyenne», ouverte symboliquement mardi 24 janvier, jour d’indépendance cantonale. Mais, signe des temps, le programme du tricentenaire débute par une exposition tout public voulant cerner l’homme, son époque et sa figure citoyenne. On est loin du très officiel cortège historique, de l’arc de triomphe et des célébrations réunissant des dizaines de milliers de personnes en liesse en 1923.
«Il y a de la place pour les deux; pour la figure humaine qu’il faut continuer d’analyser, mais aussi pour sa légende et ce qu’il symbolise toujours aujourd’hui. Se battre pour un État démocratique au service des citoyens, vouloir se libérer d’un joug, défiler pour la liberté, ce sont des choses que chacun peut interpréter», résume la conseillère d’État Christelle Luisier. «Davel a sa place dans l’Histoire avec un grand «H», mais aussi dans la nôtre, abonde le vice-directeur des Archives cantonales, François Falconet. Il interroge l’évolution de la démocratie, mais aussi ces figures qui incarnent le changement ou ces statues qu’on déboulonne.»
Du troquet à la rue
C’est donc un Davel militant des droits civiques, apôtre de la justice sociale et de l’indépendance face au pouvoir qui prend non plus le chemin de l’échafaud, mais celui des gymnases vaudois. En parallèle à l’exposition sise aux Archives cantonales à Mouline (jusqu’au 31 août), le dispositif doit tourner dans les gymnases avec un programme de médiation adapté, pensé pour faire redécouvrir le notaire de Cully, voire le faire simplement découvrir… «C’est tout l’enjeu, poursuit Dominique Dirlewanger, président de la Conférence cantonale des chefs de file d’histoire. Il y a toute une culture populaire qui a disparu avec, par exemple, beaucoup moins de bistrots «Au major Davel». Même s’il reste des rues et une statue, Davel ne dit rien à toute une catégorie d’élèves. Mais on peut l’aborder en passant par l’idée que c’est un peu un «Greta Thunberg du XVIIIe siècle». On a la chance d’avoir cette figure, un héros réel, d’ici, et qui a été réinterprété avec les siècles.»
L’exposition, pilotée par les chercheurs précités, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire ainsi que les commissaires Angela Benza et Vincent Jaton, comprend son lot de panneaux, parfois interactifs, retraçant le chemin du héros de Villmergen à travers le canton d’alors, gouverné à distance par Berne.
Une immersion dans les institutions de l’Ancien Régime, mais aussi dans leur face sombre dénoncée par le major, avec des «trésoriers se bornant à visiter les caves». Les gymnasiens pourront interroger Davel (traître, héros trahi ou citoyen?), mais aussi se lancer dans l’improvisation théâtrale réinterprétant l’affaire Davel, la belle inconnue ou les juges vaudois, voire écrire leur propre manifeste aux autorités. Voilà qui sent bon la désobéissance civique.
«Davel ou la vocation citoyenne». Aux Archives cantonales, rue de la Mouline 32, 1022 Chavannes-près-Renens, jusqu’au 31 août. Dans les gymnases, sur www.wp.unil.ch/davel2023 et @majordavel2023.
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