Polémique au CHUVUn livre sur le Covid qualifié de «foutage de gueule»
«Ondes de Choc» a été distribué à tous les collaborateurs de l’hôpital cet été. Certains dénoncent un gaspillage et un manque de reconnaissance.

«Mon cher CHUV, faut-il vraiment que tu sois tombé bien bas pour croire que ce livre serait bien accueilli par des équipes de soignants au bout du rouleau, tant physiquement que moralement?!» Cet extrait d’une lettre ouverte à la direction de l’hôpital, relayée par le Syndicat des services publics, émane d’une équipe de soignants. Elle dénonce un livre hommage, «Covid-19, Ondes de Choc», retraçant les moments forts de la pandémie et publié par le CHUV. Un ouvrage qui divise au sein même du Centre hospitalier universitaire vaudois, comme le rapporte la RTS.
Le livre comporte 129 photographies. Il a été distribué aux 13’000 collaborateurs du CHUV cet été. Il a coûté 154’000 francs, soit 11 francs par livre, pris sur le budget de fonctionnement du service de communication. Selon la RTS, le livre traduirait un manque de reconnaissance du personnel. Les conditions de travail seraient toujours aussi difficiles qu’en pleine pandémie. L’hôpital serait proche de la saturation et les infirmières s’occuperaient parfois du double de patients, par manque de personnel.
«Vos employés veulent autre chose qu’un bouquin: pouvoir faire leur travail, prendre soin des patients, ne pas tomber malade ou vous quitter d’épuisement.»
«À l’heure où chacun est appelé à faire tant d’économies qui retentissent sur notre qualité de travail, nous avons ressenti un manque total d’empathie dans cette façon de nous remercier… vos employés veulent autre chose qu’un bouquin: pouvoir faire leur travail, prendre soin des patients, ne pas tomber malade ou vous quitter d’épuisement… du foutage de gueule», poursuivent les soignants en colère dans leur lettre. Interrogée, une infirmière ajoute: «Ce qu’on veut, ce n’est même pas une prime. On veut du personnel, de la reconnaissance, de l’écoute et du respect.»
En juillet déjà, ce sont les laborantins du CHUV qui avaient critiqué ce même livre, où ils ne figuraient pas. «Nous en avons ras le bol de cette absence de reconnaissance, malgré la pression au travail, les burn-out, les absences de longue durée pour des raisons médicales, les horaires à rallonge et j’en passe. On met des photos de la Protection civile et des nettoyeurs mais pas de nous», réagissait une technicienne en analyses biomédicales dans «20 minutes».
Une vingtaine de plaintes
Du côté du CHUV, on assure regretter que certaines personnes aient été heurtées par cet ouvrage. «Ce n’était pas l’intention de départ. Bien au contraire, il s’agissait de faire un beau cadeau, en complément de tout ce qui a déjà été entrepris par la direction pour le personnel durant la pandémie», confie Béatrice Schaad. Elle est la directrice de la communication du CHUV. À ce jour, elle aurait reçu une vingtaine de plaintes, émanant surtout des techniciens de laboratoire. «Même si on multiplie ce nombre par cent, il reste tout de même un peu plus de 10’000 personnes qui ont eu du plaisir à recevoir ce livre.»
Béatrice Schaad dit malgré tout avoir entendu la plainte des techniciens de laboratoires en manque de reconnaissance. Une réunion est prévue fin août.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.