Un Nobel de l'économie pour la planète
Dans une période où se multiplient les alertes climatiques, deux Américains veulent conjuguer défense du climat et croissance durable.

«Les prochaines années seront probablement les plus importantes de notre histoire!» Lundi, en présentant les conclusions établies par le dernier rapport sur le climat établi par le GIEC, la coprésidente du groupe d'experts, Debra Roberts, appelait à une «action rapide et de grande envergure». Car, d'après les 91 auteurs du rapport (issus de 40 pays), entre un réchauffement de 1,5 ou de 2 degrés, les conséquences sur la planète seraient très différentes.
Dans cette période où se multiplient les alertes climatiques, l'Académie royale des sciences de Suède a décidé de décerner son Prix Nobel d'économie aux Américains William Nordhaus et Paul Romer «pour leurs travaux sur l'intégration du changement climatique et de l'innovation technologique dans l'analyse macroéconomique». Selon elle, leurs découvertes pourraient ainsi «permettre l'émergence d'une croissance économique durable».
Diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et enseignant à l'Université de Yale, William Nordhaus s'inquiète depuis les années 70 des effets de la soif humaine en énergies fossiles sur le climat. Quant à Paul Romer, ce professeur de l'École de commerce Stern (New York) est à l'origine d'un nouveau modèle de développement appelé «théorie de la croissance endogène». Selon l'Américain, l'humanité a la capacité de «mieux protéger l'environnement sans pour autant renoncer à la chance de soutenir la croissance».
Cette idée n'est pas totalement neuve puisqu'en 2013 déjà, Stéphane Garelli, professeur à la HEC de Lausanne et à l'IMD, estimait dans nos pages qu'il était nécessaire de redéfinir le mot «prospérité», aujourd'hui trop souvent accolé à celui de croissance matérielle ou de PIB. «Ne nous leurrons pas, la prospérité dépendra toujours de la croissance économique, et cela d'autant plus dans une époque où la population grandit et vieillit (ndlr: ce qui engendre plus de fonds de retraites ou de dépenses de santé). Toutefois, elle ne suffira plus et il faudra réfléchir à y ajouter quelque chose d'autre», explique l'économiste.
Hégémonie américaine
Après avoir laissé la place au Français Jean Tirole en 2014, puis à l'Écossais Angus Deaton une année plus tard, les chercheurs américains confirment, avec ce 50e Prix Nobel, leur retour et surtout leur hégémonie sur la recherche économique mondiale. Un règne qui ne serait pas possible sans de prestigieuses universités telles que Princeton, Berkeley, Yale, Columbia, ou encore l'incontournable École de Chicago. À noter qu'à elle seule, cette dernière compte 29 nobélisés, dont Milton Friedman, Theodore Schultz, George Stigler ou encore Merton Miller pour les plus connus. En 2017, le prix lui revenait une nouvelle fois grâce à Richard Thaler et sa méthode du «coup de pouce», censée corriger les comportements irrationnels des consommateurs, des contribuables ainsi que des investisseurs.
Dans les grandes lignes, il faut savoir que cette université se démarque par sa pensée associée à la théorie néoclassique des prix et au libre marché. Elle est surtout reconnue comme prônant une pensée en opposition au keynésianisme, ce mouvement dont les adeptes refusent l'idée que des marchés libres conduisent à une forme d'optimum économique.
Pour en revenir aux deux vainqueurs du jour, ces derniers recevront, le 10 décembre prochain à Stockholm, leur Nobel accompagné d'une médaille en or et d'un chèque de 9 millions de couronnes (environ 860 000 euros).
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