Dans les parcs de LausanneUn peu de philo à l’heure du barbecue
Hélène Courbat et Florence Huck relancent leurs Ateliers de philosophie itinérants. Ou comment caser Montaigne et autres penseurs entre deux merguez.

L’an dernier, la philosophe Hélène Courbat et sa complice Florence Huck, professeure de français, emmenaient Montaigne, Descartes et les autres au parc de Mon-Repos, à la rencontre des enfants. «Cette fois, nous ouvrons ces ateliers de philo aux adultes. Et je ne vous cache pas qu’il faut aller les chercher, contrairement aux plus jeunes!» En route pour le barbecue au bord du lac ou une promenade vespérale, ne vous étonnez donc pas d’être abordés le soir tombé dans les parcs lausannois par des étudiantes distribuant des flyers pour vanter les mérites de la pensée.

«C’est une initiative du Canton, qui a fait appel pour créer des espaces de respiration pour les 16-25 ans, poursuit Hélène Courbat, diplômée de l’Université de Lausanne, 27 ans. Nous avons proposé cette idée, parmi d’autres, pour aller vers cette génération délaissée dans la crise du Covid-19. Contrairement aux plus jeunes qui sont encadrés par la famille, l’école notamment, ou aux adultes qui travaillent, cette tranche d’âge s’est trouvée abandonnée au moment du déconfinement.»
«Au parc, la philosophie peut s’envisager comme un loisir de l’esprit, une pratique de plaisir.»
En quête de job, d’apprentissage, ces jeunes sont souvent désemparés. C’est là, selon la pédagogue, que peut entre autres intervenir la philo. «D’autant que nous la présentons sous un jour naturel, dans un cadre moins rigide qu’une salle de cours. Au parc, nous privilégions l’échange informel. La philosophie peut alors s’envisager comme un loisir de l’esprit, une pratique de plaisir. Nous ne sommes plus dans l’herméneutique, la technique… ni d’ailleurs de thérapie de groupe. J’initie le débat, je ne règle pas les angoisses.»

Par contre, les premières expériences démontrent une évidence, que la crise sanitaire a rappelée avec violence. «Les gens ont besoin d’échanger des idées. Là, tout à coup, ils peuvent concrétiser cette pulsion hors de leur cercle habituel. C’est vivifiant, rafraîchissant! Je vois vraiment sur les visages, dans les attitudes, cet appétit à débattre avec des interlocuteurs en chair et en os qu’ils ne connaissent pas, hors des réseaux sociaux.»

Reste qu’en l’état, la jeune femme avoue que ces fameux «16-25» demandent à être convaincus. «Ce n’est même pas qu’ils ne pensent qu’à faire la fête autour d’un barbecue mais il y a une gêne patente, des a priori. Mais ils commencent à venir par le bouche-à-oreille.» Avec Florence Hug, l’animatrice a aussi changé de stratégie. «Nous prospectons différents parcs pour nous caler sur d’autres manifestations culturelles. Cet été, nous visiterons le parc de Milan, de l’Hermitage, Valency, etc. L’atelier dure une heure environ, qui peut se prolonger ensuite au gré du moment.»
Lausanne, ateliers de philosophie itinérants
divers parcs et places
me 21 et je 22 juil., ma 10, me 11, je 12 août, dès 18h30www.moment-des-philosophes.ch
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres!
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