Quelle chance nous avons, en Suisse, d’être à l’abri de l’inflation! Voilà ce que l’on nous a seriné pendant des mois – y compris le Conseil fédéral, qui louait le rôle de la Banque nationale et la force du franc. La belle affaire, pensaient en douce les consommateurs en faisant leurs courses, habitués à tout payer trois fois plus cher que leurs voisins et à compter religieusement les tranches de jambon, les kilos de bœuf et les litres d’huile qu’ils mettaient dans leur caddie. Les prix n’augmentaient pas, certes, mais ils étaient déjà indécents.
Les Romands doivent désormais compter deux fois plus, puisque les coûts de l’alimentation grimpent depuis le mois d’avril, en particulier ceux des biens essentiels comme le pain, les féculents, le café, la viande et les produits laitiers. Ces hausses, les ménages les sentent bien lorsqu’ils passent à la caisse de leur supermarché. D’autant qu’elles s’ajoutent à toutes celles qu’ils subissent déjà – chauffage et assurance maladie notamment.
La raison de ces augmentations n’est pas toujours claire. Est-ce le carburant, les engrais, le gaz? Quant aux distributeurs, ils refusent de se montrer transparents sur leur politique de prix. Face à ce flou général, les citoyens se sentent légitimement abusés et se demandent qui, en coulisse, se frotte les mains.
Ce n’est que le début de la crise, estiment les experts. Et les foyers romands les plus modestes en sont réduits à faire leurs courses le ventre noué. Nul doute qu’en ce mois de fête, les repas ne seront pas copieux partout. Dans notre pays, de plus en plus de citoyens ont de la peine à se nourrir correctement. Mais personne, à Berne, ne semble s’en soucier. Cette année, la fondue chinoise aura un goût amer.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial sur l’inflation – Un repas de fête au goût amer
Les prix de nombreuses denrées alimentaires essentielles prennent l’ascenseur en Suisse, mais personne à Berne ne semble s’en soucier.