Canton de BerneUn sexagénaire jugé pour agression à la hache
Un homme a comparu mardi devant le tribunal à Moutier pour avoir blessé des voisins de son immeuble. Il doit répondre de tentatives de meurtre.

Un homme accusé d’avoir blessé des voisins de son immeuble avec une hache a comparu mardi devant le Tribunal régional à Moutier (BE). Ce sexagénaire doit répondre de tentatives de meurtre, éventuellement de tentatives d’assassinat. Ministère public et défense s’accordent à reconnaître l’irresponsabilité du prévenu.
L’agression a eu lieu à Malleray, commune du Jura bernois, en mars 2021. Le prévenu se trouvait dans son appartement quand il a été dérangé par du bruit provenant de la porte de l’ascenseur. Il a alors vu rouge et a pris une hache avant de se diriger vers le logement d’une famille avec laquelle il avait des démêlés.
Alors que le fils âgé de moins de 15 ans ouvrait la porte, l’accusé lui a donné des coups de hache de haut en bas, l’atteignant au niveau de la tête. L’assaillant est ensuite entré dans l’appartement pour s’en prendre à la mère de famille qui a réussi à se protéger des coups de hache avec une caissette en bois.
L’enfant défend sa mère
Le prévenu n’a arrêté de frapper la mère qu’au moment où le fils s’est emparé d’un couteau à la cuisine et l’a frappé à quatre reprises. C’est un voisin qui a finalement réussi à désarmer l’accusé. Un avocat de la partie plaignante a évoqué une scène du film Shining en décrivant cette agression à la hache.
La mère de famille et l’adolescent ont été blessés lors de cette agression au cours de laquelle le prévenu a aussi proféré des menaces de mort, hurlant qu’il allait couper la tête de toute la famille, selon le Ministère public.
Regrets de l’accusé
«Je suis désolé, je n’avais pas le droit de faire cela et je suppose que je les ai extrêmement traumatisés», a déclaré le prévenu au cours de son audition. «Je regrette vraiment ce qui s’est passé». «Dans ma crise de rage, je ne savais plus ce que je faisais», a-t-il expliqué. «J’ai pété les plombs».
Interrogé par le président du tribunal, l’accusé a expliqué être en attente d’être transféré à l’établissement fermé Curabilis à Genève. «Je souhaite une prise en charge psychiatrique de façon sérieuse». Le prévenu avait été condamné à une peine de prison pour des faits assez semblables survenus en 2013.
Irresponsabilité
Pour le procureur Raphaël Arn, la prison n’est donc pas une solution pour éviter la récidive. «Tous les éléments montrent une situation de complète irresponsabilité au moment des faits», a souligné le représentant du Ministère public. Pour le procureur, l’accusé s’est fait un film et s’est imaginé des choses fausses.
Lors de son réquisitoire devant le Tribunal régional à Moutier, le Ministère public a relevé que le prévenu devait être considéré comme irresponsable en raison de ses troubles psychiatriques. Le procureur requiert donc une mesure thérapeutique institutionnelle en milieu fermé.
«Il s’agit pour vous de sortir de ce mauvais film et de vous faire soigner», a estimé le procureur à l’adresse du prévenu. «Il y a des moyens de vous soigner», a-t-il dit. «Votre vie n’est pas finie», a ajouté Raphaël Arn. Les victimes, qui souffrent encore des suites psychologiques de cette agression, n’étaient pas présentes.
Délires paranoïaques
L’avocat de la défense a expliqué que son client n’avait pas eu conscience de la gravité des faits. Reprenant les conclusions d’une expertise psychiatrique, il a souligné que le prévenu souffre d’une paranoïa de persécution, ajoutant l’urgence de trouver un établissement adéquat pour un traitement thérapeutique.
Le verdict sera rendu le 14 juin.
ATS
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