Six cents personnes, dont beaucoup sans masque, dans les rues de Genève pour dénoncer la «dictature sanitaire». C’était samedi. Ce jeudi, c’est au tour d’une partie – tous n’adhèrent pas – des cafetiers-restaurateurs et hôteliers de se rassembler. Et de menacer: «Si le Conseil d’État ne permet pas de rouvrir nos établissements, nous braverons l’interdiction.» D’autres citoyens, sur les réseaux sociaux, imaginent comment «entrer en résistance», contre le port obligatoire du masque à l’école.
À n’en pas douter, un vent de rébellion gronde contre les politiques sanitaires. C’est encore loin d’être une tempête, mais le souffle doit commencer à inquiéter les autorités, sous pression, et obligées de jouer de plus en plus les funambules dans ce scénario de l’absurde. Qui aurait imaginé, il y a un an, ce Conseil d’État contraint de devoir évaluer qui, entre tel commerce et tel autre, va pouvoir exercer son activité? Ce seront donc, dès samedi, tatoueurs et coiffeurs, mais pas encore les bistrotiers ni les boutiques de vêtements.
Face à cette situation absurde, brutale, objectivement difficile pour une partie de la population dont le gagne-pain est menacé, ou déjà condamné, une tendance émerge: le débat démocratique sur le bien-fondé de telle ou telle mesure, la critique d’éventuelles dérives au nom de l’urgence sanitaire s’effacent pour faire place à une étrange quête de sens. Celle qui consiste à vouloir trouver des raisons cachées à ces politiques hors normes.
C’est en effet sur ce terreau fertile que naissent des théories conspirationnistes, véhiculant l’idée que le virus n’est que l’agent – très dangereux ou inventé, c’est selon – de ceux qui veulent instaurer un nouvel ordre mondial, au profit des géants de la 5G ou de la big pharma. Ces idées s’inoculent aussi en Suisse romande. Elles sont fortement soutenues par les milieux antivaccins. Autant dire que la perspective d’un remède miracle de Pfizer ou Moderna n’est pas près de calmer les esprits.
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Editorial – Un virus, et l’inoculation de la révolte