L’intelligence artificielle a parfois du bon. Sur mon compte Instagram, un robot Meta a décidé de m’envoyer en boucle une petite gâterie du passé. Celui de Brésil-Italie en 1970. L’année de ma naissance. On a l’impression que la scène se déroule au ralenti. Les joueurs ont des baguettes qui jurent avec les jambes hypertrophiées d’aujourd’hui.
La séquence se termine sur un décalage génial de Pelé et une frappe de Carlos Alberto dans le petit filet. 4 à 1 contre l’Italie. On a envie d’accompagner ces images en écoutant «Desafinado», de João Gilberto, tellement les Transalpins semblent «désaccordés» par tant d’élégance. Cela tombe bien, la bossa-nova a également été un acte de résistance à vingt ans de dictature (1964-1985).
Je n’ai pas encore regardé un match en entier de cette Coupe du monde qatarienne. Tant elle est le prolongement des clivages de notre temps sous les frimas de Brumaire. J’ai trouvé aussi courageux qu’inutile la main bâillon que se sont apposée sur la bouche les Mannschaftiens. Oui, les droits humains et les minorités méritent qu’on les défende. Mais comme tellement d’autres causes.
Oui aussi, Infantino qui s’autoproclame, en training, «gay», «handicapé», «arabe», «qatari», c’est ridicule. Mais ni plus ni moins qu’un Massimo Lorenzi qui surjoue le moraliste sur les réseaux sociaux. Une posture méprisante envers ceux qui pensent que la redevance qu’ils paient à la RTS les autorise à regarder les matches sans forcément devoir se flageller 25 fois pour se faire pardonner.
Sur les conseils de ma belle-fille, j’ai regardé en rediffusion le 2-0 de Brésil - Serbie. C’est beau, c’est rapide, c’est fulgurant. L’enchaînement volée de Richarlison ressemble à un geste de karatéka. La preuve que non, c’est pas toujours mieux avant. C’est juste différent.
Donc, je pars à la recherche dans mes armoires de mon maillot rouge et noir de Flamengo, que j’avais acheté en 1982 à la gloire de Zico et de cette sélection auriverde qui fleurait bon le perdant magnifique, crucifiée par l’Italie et les trois buts de Paolo Rossi avant même d’avoir atteint le dernier carré. Suisse-Brésil, c’est ce lundi. Et c’est à regarder en écoutant soit Caetano Veloso, soit du Mani Matter.
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Éditorial – Une Coupe du monde «désaccordée»