«L’école inclusive, je n’y crois pas. J’espère qu’avec le nouveau ministre Frédéric Borloz, ce sera fini.» Sous couvert d’anonymat, une maîtresse se lâche. Quasi des gros mots, tant le trend est à l’école pour tous.
Aujourd’hui, de nombreux enfants en situation de handicap, dont de plus en plus d’enfants autistes, sont scolarisés dans les classes ordinaires vaudoises. Mais soyons clairs. Il ne s’agit pas d’une lubie vaudoise.
Le principe d’une école qui intègre les jeunes en situation de handicap est certes un défi, mais ne relève plus d’un choix. La ghettoïsation des personnes différentes a vécu. Ouf! La Suisse a signé, entre autres, la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2014 et s’est engagée à reconnaître leur droit à l’éducation. En 2018, le Conseil fédéral adoptait aussi des mesures spécifiques aux personnes autistes et réitérait la volonté de notre pays de les scolariser avec les autres enfants.
Le cri du cœur de cette enseignante, le blues d’une autre ne peuvent pourtant pas être ignorés. Face à des classes où se côtoient allophonie, autisme, carences socio-éducatives, dyslexie et autre dyscalculie, des profs s’estiment dépassés, abandonnés. Ils ne se sentent plus à même d’exercer leur métier. Pourtant, le Canton n’est pas resté les bras croisés. Des outils, il en existe. Les techniques pour aider les enfants différents sont généralement connues.
«Aujourd’hui, l’école vaudoise a pris des allures de famille dysfonctionnelle. »
Reste qu’aujourd’hui, l’école vaudoise a pris des allures de famille dysfonctionnelle. Papa et maman, que sont le corps enseignant et le département, ne se parlent pas, ou si peu. Au milieu, des enfants souffrent. Laisser un élève autiste dans un couloir, faute de mieux, n’est pas acceptable. Laisser des écoliers craindre de prendre des coups de la part d’un camarade dont le lourd handicap pose problème n’est pas admissible non plus.
N’est-il pas grand temps que papa et maman vident ce qu’ils ont sur le cœur? Qu’ils s’écoutent, débattent, verbalisent leurs besoins et leurs envies. La Société pédagogique vaudoise demande des assises de l’école inclusive depuis plusieurs mois. L’idée n’est pas idiote, pour autant qu’elle ne débouche pas sur un exercice alibi. L’école vaudoise est une famille solide, elle l’a prouvé en traversant le Covid avec beaucoup de résilience. Pour le bien de tous les enfants, elle doit désormais redevenir une famille fonctionnelle.
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Éditorial – Une grande famille qui dysfonctionne
Toujours plus nombreux, les enfants autistes mettent l’école au défi. Avons-nous toutes les cartes en main pour une école quasi inclusive?