Une grande manifestation 2.0 pour lutter contre l'austérité
Des centaines d'étudiants se sont rassemblés dans tout le pays pour protester contre les coupes dans l'éducation.

«Nous sommes là et nous sommes bruyants parce qu'on nous vole notre futur!» En allemand, le slogan rime et il est scandé dans les rues de Lucerne par des centaines de voix. Accompagnée par le tube aux accents combatifs «We Will Rock You» de Queen, la foule déferle dans la ville. Ce mercredi après-midi, environ un millier de gymnasiens est rassemblé sous la formule «KeLotsch»: «pas envie» en dialecte, du «démantèlement de la formation».
Au même instant, des centaines d'étudiants se réunissent dans les villes d'Aarau, Bâle, Zurich et même, dans une plus petite proportion, à Genève. Tous estiment que les cantons et la Confédération n'investissent plus assez dans la formation. «Nous voulons être entendus et pris au sérieux. Notre avis n'est absolument pas pris en compte», déclare Serafin Curti, président de l'Association des organisations d'étudiants de Lucerne (VSLO), organisatrice de la «plus grande manifestation étudiante jamais organisée en Suisse, voire en Europe», selon lui.
«L'accès à l'éducation fait partie des droits fondamentaux, déclare Céline Wilhelm, 17 ans, étudiante au Gymnase de Sursee (LU). Ce n'est pas normal que notre gouvernement économise sur la formation, sur notre futur.» Lucerne, chef-lieu du canton ayant subi les coupes les plus sévères, accueille la plus grande manifestation du jour. Le mouvement de la VSLO a été initié à l'automne dernier, lorsque le gouvernement a fermé les écoles pendant une semaine supplémentaire. Des vacances qui n'en sont absolument pas en réalité, selon les élèves lucernois: «On nous donne la même quantité de travail à accomplir, mais sans profs!» explique l'un d'eux.
Les professeurs sont présents. Remo Herbst, président d'une association d'élèves, estime subir directement les conséquences. «Non seulement le gouvernement nous impose une semaine de coupure parce qu'il n'a plus de quoi nous payer, mais nous nous retrouvons à travailler deux semaines supplémentaires afin de pouvoir terminer notre programme. Et ce, sans recevoir de salaire», déplore-t-il.
A Lucerne, les cures d'austérité coïncident avec une baisse massive des impôts, décidée en 2013 par le gouvernement. Le 21 mai, les Lucernois voteront sur une proposition de réaugmentation des impôts. «Ce serait une bonne chose si c'était accepté, mais cela ne suffira pas, déplore Remo Herbst. La taxation restera trop basse. Je ne nous prédis pas un avenir radieux.»
Une manif 2.0
Dans la foule, une petite bande parle français. Le comité de l'Union des étudiants de Suisse (UNES) est de la partie. «L'éducation fait partie d'une des plus grandes richesses de la Suisse, souligne Line Magnanelli-Moret. Même si les temps sont difficiles et que des économies sont nécessaires, rogner dedans est une très mauvaise solution.» Josef Stocker, coprésident de l'UNES, se réjouit de ce mouvement national: «Cette connexion entre les régions est très positive. C'est un moyen fort pour faire avancer les choses.»
La coordination de ces rassemblements dans toute la Suisse s'est faite via les réseaux sociaux. «Nous avons tout organisé par Whats- App», explique Serafin Curti. Le jeune homme de 20 ans prend des selfies avec le cortège et tapote sur son portable pendant qu'il parle. La photo finit sur Twitter et Facebook. Le hashtag #KeLotsch est resté en tête des plus utilisés de Suisse pendant une grande partie de la journée. Un moyen de s'apercevoir que le soutien des jeunes au mouvement n'est pas universel, et que certains s'adonnent même au «fact checking»: «Cette manifestation est instrumentalisée par les Jeunes socialistes, clame par exemple Andri Silberschmidt, président des jeunes PLR. La Suisse investit chaque année plus d'argent dans la formation», avance-t-il, graphiques à l'appui.
Une affirmation reprise par Reto Wyss (PDC), le conseiller d'Etat en charge de la formation lucernoise, au micro de la SRF. «On ne peut pas parler d'économies excessives. Le canton investit dans de nouvelles offres, tant dans la prise en charge des plus petits que dans des moyens éducatifs alternatifs.» C'est aussi ça, la démocratie…
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