Printemps de la poésieUne quinzaine poétique en cinq propositions vaudoises
Parmi les rendez-vous, un poème de Ramuz revisité, une lecture dans une boîte de nuit désertée ou un volet sur le matrimoine poétique. Aperçu.

Ramuz revisité
«Cueillir d’où cette eau vient et où cette eau va. Savoir qui on est, savoir d’où on vient, savoir où l’on va.» Ramuz était romancier mais aussi poète. La preuve avec «Le chant du Rhône», grand poème en prose publié en 1920 où il «chante l’âme d’un fleuve», du glacier à la mer, avec au milieu le Léman, «notre Méditerranée à nous». La plume du Vaudois charrie des hommes et tout ce qui fait un bassin culturel. «À l’heure des questionnements identitaires, alimentés par les flux migratoires et les enjeux démographiques, ce chant vieux de 100 ans semblait d’actualité pour irriguer notre pensée. Quelles eaux nous abreuvent aujourd’hui? Quelles sources se sont taries? Qu’est-ce qui relie les territoires à notre époque?» s’est demandé l’équipe organisatrice.
«À l’heure des questionnements identitaires, alimentés par les flux migratoires et les enjeux démographiques, ce chant vieux de 100 ans semblait d’actualité.»
Pour y répondre, Antonio Rodriguez, directeur du Printemps de la poésie, a opéré un montage du texte, en assemblant en boucles les formules ramuziennes les plus marquantes. Sur scène, ces mots seront malaxés par la chanteuse et compositrice Claire Huguenin, et mêlés aux accords de la harpe électronique de Julie Campiche, qui en tire d’hypnotiques mélodies, à la croisée du jazz et des musiques actuelles.
À noter encore qu’une table ronde aura lieu avant la représentation, réunissant des écrivains et des spécialistes sur le thème «Le chant de notre Rhône aujourd’hui».
Temple de Cully, sa 18 mars à 16 h
Infos sur le site du Printemps de la poésie
Pleins feux sur les poétesses
Un accent particulier a été mis sur les poétesses, suisses ou étrangères, durant cette édition qui court du 18 mars au 1er avril. Elles seront à l’honneur un peu partout en Suisse romande. Citons le «brunch matrimoine» autour de la question «Où sont les femmes», avec notamment la poétesse Sylviane Dupuis (Médiathèque Valais à Sion, 26 mars à 10 h 30), mais aussi quatre poétesses suisses, dont la Vaudoise Anne-Sophie Subilia, qui mêlent leurs voix aux percussions de Thierry Debons (Maison Rousseau à Genève, 24 mars à 19 h).
Dans le canton de Vaud, la poétesse américaine de la Beat Generation Diane di Prima sera à l’honneur dans un seul en scène porté par la comédienne-chanteuse Viviane Gay, qui invite les femmes à se libérer des conventions sociales pour retrouver leur essence (Les Terreaux, à Lausanne, les 22 et 23 mars à 19 h).
Dans un tout autre style mais avec toujours une figure féminine forte, Anne Corthay lira le «Livre pour toi», de Marguerite Burnat-Provins, portée par les nappes sonores du guitariste Nicolas Bertholet. Ces 100 petits poèmes en prose parus à Paris en 1907 ont fait scandale à l’époque, car la poétesse et peintre déjà célèbre y chante son amour pour son jeune amant, alors qu’elle était mariée à un architecte vaudois (siège des Éditions du Renard par la queue, place Grand-Saint-Jean 1 à Lausanne, les 25 et 26 mars à 19 h 30).
On remonte encore dans le temps avec le collectif féminin Le Point V, qui réinterprète dans une création inédite les blasons et sonnets érotiques de Louise Labé. La Lyonnaise, contemporaine de Ronsard, fut l’une des seules femmes de la Renaissance à publier ses poèmes pour écrire le corps, l’amour, la sexualité. Avant cette lecture-performance, Vanessa Glauser, docteure de l’Université de Stanford et chercheuse à l’UNIL, présentera l’œuvre de Louise Labé (Gymnase de la Cité, à Lausanne, mardi 28 mars à 18 h).
Lecture en boîte de nuit
Le Printemps de la poésie se plaît à investir des lieux inattendus. Cette année, c’est dans une boîte de nuit vide, le D! Club, à Lausanne, que retentiront les mots du Collectif A5, lors d’une soirée nommée «Blackout littéraire». Numa Francillon, Alice Kübler et David Janelas font partie de la nouvelle scène littéraire romande. Tous trois feront résonner leurs textes depuis la scène normalement occupée par les DJ.
D! Club, Lausanne, mercredi 22 mars à 21 h. Ouverture du bar et des portes à 20 h.
La Suisse en «cinépoèmes»
Pour sa soirée de gala, le festival marie à nouveau les disciplines artistiques avec de nouveaux «cinépoèmes», une anthologie poétique d’un genre inédit lancée en 2021. Cinq réalisateurs romands ont pu choisir deux poèmes d’auteurs romands anonymisés et en tirer un «cinépoème» s’appuyant sur un paysage, dans l’esprit des clips musicaux.
Après la projection, une discussion pour confronter les regards des cinéastes et des poètes.
CityClub Pully, mardi 21 mars à 19 h 30
Traduire la poésie
Comment traduire la poésie? Invités par Tulalu!? et le Centre de traduction littéraire de Lausanne, le poète albanophone Ndriçim Ademaj, l’un des représentants de la relève littéraire du Kosovo, présentera «Chants de la rue des Forgerons», avec sa traductrice Festa Molliqaj. Le recueil de poèmes est paru aux Éditions d’En Bas en 2022.
Lundi 20 mars, 19 h 30, au Cercle littéraire de Lausanne
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