Quand j’imagine ma retraite, c’est souvent entourée de livres et d’arbres. C’est cliché, je sais. Bizarrement je ne me vois pas finir mes jours près d’une plateforme pétrolière ou d’une mine de charbon.
C’est pourtant le paysage que choisit Compenswiss pour dessiner nos retraites. Cet organisme genevois place en effet sur les marchés financiers quelque 34 milliards de francs de l’AVS, notamment dans les énergies fossiles et autres industries polluantes. Sans me demander mon avis, alors qu’il s’agit en partie de mon argent.
«Le fonds souverain norvégien, le plus gros du monde, a exclu dès 2019 les énergies fossiles ainsi que le géant minier Glencore.»
Cela pourrait cependant changer. Car depuis peu, à notre demande, Compenswiss publie la liste de tous ses placements et s’expose donc aux critiques croissantes, qui soulignent que la finance est l’un des premiers vecteurs pour faire face à la crise climatique et construire le monde de demain.
La Norvège, elle, l’a compris depuis longtemps: son fonds souverain, le plus gros du monde, a exclu dès 2019 les énergies fossiles ainsi que le géant minier Glencore. Quant au premier fonds de pension privé du pays, il a récemment banni plusieurs fabricants d’armes comme Dassault. Ce n’est pas le cas de Compenswiss.
Pour financer nos retraites, cet organisme mise donc notamment – en grossissant le trait – sur ce qui nous tue à petit feu. Je ne suis pas naïve: je sais bien que les fonds de l’AVS doivent avant tout être placés dans des entreprises solides offrant un bon rendement. Mais au final, exclure les sociétés les plus dommageables à l’environnement ne nuirait pas aux performances du portefeuille, assurent les spécialistes.
En tant que citoyens, nous devrions mettre le nez dans ces investissements et pousser Compenswiss à les rendre plus durables, comme on regarde la composition d’un yoghourt avant de l’acheter. Pour passer notre retraite au vert, et pas au gris.
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Éditorial – Une retraite au gris
Une partie de nos cotisations AVS sont placées en Bourse, notamment dans le pétrole et le charbon. Pourquoi ne pas plutôt miser plutôt sur les énergies vertes?