Nos jeunes filles vont mal, c’est un fait. En décembre déjà, les chiffres de l’Office fédéral de la statistique devaient alarmer l’opinion publique. Et ils devaient choquer, comme un couperet à la sortie d’une pandémie. Les jeunes sont plus hospitalisés pour des blessures mentales que physiques. Des blessures psychiques qu’on ne voit pas, qui ne saignent pas, qui ne marquent pas la peau, ne la colorent pas de bleu ou de jaune, qui ne défigurent pas et pourtant des blessures qui sont bien là et en nombre.
Les réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux ont fusé: trois jours, deux semaines, un mois… puis l’information est remplacée. Début avril, encore un chiffre, celui de la faîtière des assureurs, SantéSuisse. Tel un corollaire, après la hausse des hospitalisations, les coûts. Sur la forte hausse des coûts liée à la psychiatrie, 45% de cette hausse provient des troubles psychiques chez les adolescentes de 11 à 18 ans. Le chiffre, mais surtout la précision de la catégorie concernée, donne un vertige. Ce sont nos jeunes filles dès 11 ans déjà. 11 ans…
«Nos jeunes filles sont plus hospitalisées pour des blessures mentales que physiques.»
Cette information ne devrait non plus alarmer, mais pousser à l’action. La fondation Pro Juventute s’engage pour la santé psychique des enfants et des jeunes et continue 24h/24 et 365 jours par an d’être à leur écoute.
Les conseillers et conseillères du 147 confirment la tendance. Les consultations au 147 ont augmenté de 45% depuis 2019 pour toute la Suisse. Encore un chiffre qui confirme une même réalité. Les services spécialisés, spécialistes et médecins s’accordent à dire que la charge psychique sur les enfants et les jeunes est aiguë.
Une réponse politique est maintenant nécessaire. Combien de chiffres et de discours alarmistes faudra-t-il publier encore pour que la souffrance quotidienne de ces jeunes filles soit acceptée, reconnue et prise en charge avec les moyens adaptés?
Rester attentifs
En attendant qu’une stratégie nationale sur la santé mentale voie le jour, restons en tant que parents ou proches toujours attentifs à nos jeunes et à nos adolescentes. En temps normal, la période entre l’enfance et l’âge adulte est source d’une grande vulnérabilité. Dans un contexte «multicrise», de crises successives: pandémie, guerre, réchauffement climatique et à l’heure des réseaux sociaux, quand scroller en continu sur des vidéos TikTok devient un remède pour chasser ses idées noires plutôt que de parler ou de se balader en forêt, le terrain anxiogène est bien là.
Rappelons que la famille est une ressource centrale pour nos ados. Alors en tant que parents, continuons de les soutenir et restons attentifs, optimistes. Gardons ainsi à l’esprit cette lueur d’espoir qu’une partie de la jeunesse va bien, qu’elle entreprend, fait un travail de résilience, s’active pour ses intérêts sociaux et politiques et s’engage, elle, pour soutenir une amie en détresse psychique.
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L’invitée – Une stratégie nationale pour la santé mentale de nos jeunes filles
Les chiffres sont inquiétants, une réponse politique devient nécessaire.