Valérie Dittli est un symbole. Son élection l’était en tout cas. Une large partie de l’électorat vaudois a glissé la liste de l’Alliance de droite contenant son nom pour faire barrage à un nouveau mandat de Cesla Amarelle. Mais si cet électorat, y compris à gauche, a choisi la candidate du Centre plutôt que Michaël Buffat (UDC), pourtant placé plus haut sur la liste, c’est tout de même qu’il y avait un choix. Celui d’une véritable ouverture vers une personnalité de moins de trente ans qui, de surcroît, venait d’un canton alémanique. Honnêtement, on connaît peu d’autres contrées où une telle surprise aurait été possible.
«Qui n’a pas commis de «bêtises» lui jette la première pierre.»
Dans cette affaire, on pourrait donc de prime abord être magnanime. Se dire que, effectivement, quand on est un adulescent à la croisée des chemins professionnels, on a le droit de ne pas faire tout juste. Et que si on veut rajeunir nos dirigeants politiques, il faut aussi accepter de cette génération des imprécisions, des erreurs de communication et de jugeote. A fortiori quand on est élu sur un coup de dés peu prévisible. Qui n’a pas commis de «bêtises» lui jette la première pierre.
Malheureusement, c’est maintenant que se confirme ce qu’on craignait: Valérie Dittli est bien mal entourée. Elle qui peut difficilement compter sur un réseau ou sur son parti, encore embryonnaire en terres vaudoises. Il aurait fallu des proches avisés pour lui dire que ce passé de bougeotte fiscale, de domicile électoral flou allait finir par ressortir, qu’il fallait le déclarer à l’avance. Idem quand elle briguait le Département des finances. Et désormais, il faudrait qu’on lui conseille de reconnaître, de s’excuser, de faire la lumière exacte sur tout ça. Très vite.
Si Valérie Dittli finit par démissionner – comme elle l’a laissé entendre au micro de Simon Matthey-Doret sur la RTS –, ce ne sera pas forcément parce que la faute morale ne pouvait pas conduire à une autre conclusion. En tout cas pas seulement. Ce sera le poids de la solitude sur les épaules inexpérimentées qui aura fini par la faire céder. Et la leçon mille fois apprise et jamais retenue qu’en politique, il n’y a pas de bienveillance, il n’y a que des alliances. Moins d’un an après la surprise du 10 avril 2022, c’est un beau gâchis.
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Éditorial – Valérie Dittli, le risque d’un gâchis