Choc entre deux visions de l’avenir du territoire vaudois
Les élus ont empoigné la révision du Plan directeur cantonal. La droite est partie pour imposer ses vues.

«Un changement de paradigme», «des décisions sur lesquels l’histoire nous jugera» et qui «engageront les générations futures», clament des députés. Bigre, ce n’est pas tous les mardis que le Grand Conseil est saisi d’un dossier aussi primordial que celui-là. La 4e révision du Plan directeur cantonal (PDCn) consacre la densification du bâti et la protection des terres agricoles afin de lutter contre le mitage du territoire. Des objectifs dictés par le droit fédéral, sur lesquels chaque parti se retrouve, en théorie. D’ailleurs, le Grand Conseil a voté à la quasi-unanimité l’entrée en matière sur cet objet. Il faut dire que l’entrée en vigueur du PDCn – une fois qu’il sera approuvé par le Conseil fédéral – fera sortir le Canton du moratoire sur les nouvelles zones à bâtir. Il découle de l’acceptation par le peuple de la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire en 2013 et il bloque de nombreux projets de développement.
Mais des divergences de fond alimentent le débat fleuve qui a débuté ce mardi. Le PLR, l’UDC, les Vert’libéraux et quelques centristes comptent assouplir le plan élaboré par la ministre PLR Jacqueline de Quattro. En poussant notamment à la hausse le nombre d’hectares voués à l’urbanisation d’ici 2040 (870 au lieu de 850). Les partis de gauche et une partie des membres de l’Alliance du Centre veulent quant à eux le durcir, le rendre plus proche de la version mise en consultation l’an dernier. Elle était plus restrictive, avant que les associations de communes ne négocient un compromis plus favorable pour les villages.
Décisions irréversibles
«Le soc ne passe jamais plus derrière le trax», a averti Serge Melly (Vaud Libre), soulignant le caractère irréversible des décisions qui seront prises par le plénum. Pour les Verts, il s’agit de ne pas «répéter les erreurs du passé». «L’étalement urbain témoigne d’un dynamisme économique dont on a tous profité, qui nous a offert emplois et ressources pour financer des infrastructures publiques, mais il a eu un impact important sur le territoire et le paysage, analyse Vassilis Venizelos. Aujourd’hui, on doit tendre vers un développement qualitatif.»
«La gauche nous accuse de bousiller le paysage alors qu’on ne veut ajouter que 20 hectares à ce qu’il est prévu d’urbaniser, et à l’intérieur des agglomérations. C’est un faux procès», a rétorqué la PLR Christelle Luisier. «Pour qu’un village puisse vivre, il lui faut de nouveaux habitants: laissons nos régions se développer», a enchaîné l’UDC Pierre-Alain Favrod.
Pour la syndique de Payerne, la solution proposée est «un juste équilibre entre la nécessité de construire des logements et de protéger les terres agricoles et la nécessité de densifier et de préserver la qualité de vie». Le Vert Raphaël Mahaim y voit «un rendez-vous raté, un tournant mal négocié», avec une mauvaise méthode – calculer le potentiel constructible en fonction de scénarios démographiques. «La méthodologie pourra être revue s’il le faut lors de la 5e révision du PDCn, qui est en cours», a relevé Jacqueline de Quattro.
La conseillère d’Etat a prévenu les députés que certaines retouches apportées au projet pouvaient amener le Conseil fédéral à le refuser. Celles proposées par son propre camp «sont dans la limite supérieure de l’acceptable», dit-elle.
Le premier débat a tout juste démarré ce mardi. La droite a déjà remporté une bataille dans sa volonté d’augmenter à 870 hectares la surface des futures zones à bâtir prévues d’ici 2040. La coalition est en position de force. Les débats reprendront la semaine prochaine.
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