Des ados s’associent pour préparer leur matu en autodidacte
L’association Marre de Café rassemble des jeunes n’ayant pas trouvé leur place au gymnase ou en école privée.

Passer ses examens de maturité en dehors d’une structure d’étude traditionnelle reste une pratique marginale dans le canton. Mais un nombre croissant de jeunes se tourne chaque année vers des solutions alternatives. A La Sarraz, l’Association Marre de café se veut une pionnière dans ce domaine.
Unique en son genre de ce côté de la Sarine, elle a été créée en mars dernier par Thibault et Robin Staquet, deux frères âgés de 19 et 21 ans. Elle regroupe pour l’instant six ados originaires de toute la Suisse romande. Tous préparent leur examen de maturité en autodidactes, à partir de cours à distance. «Nous souhaitions étudier à notre rythme, en liberté, tout en recréant une dynamique de groupe pour se motiver à travailler et partager nos connaissances, explique Robin Staquet. L’association n’est pas une école. Elle propose une alternative à ceux qui n’ont pas trouvé leur place au sein du système scolaire, qui souffrent de la compétition, du manque de reconnaissance, etc.»
Le projet est né lors d’un voyage au Vietnam en novembre 2016. Son nom fait référence au «ras-le-bol de nombreux gymnasiens de ne pouvoir prendre leur vie en main à ce stade de leur existence et à l’énergie artificiellement produite par le café, souvent utilisé pour tenir le coup». La cotisation mensuelle est de 380 francs. L’association ambitionne de constituer dès la rentrée un groupe de dix à quinze étudiants.
Méditation et philosophie
Les membres actuels se réunissent pour l’heure une fois par semaine sur le site de La Filature, à la sortie de La Sarraz. Ils y reçoivent des conseils de Guido Albertelli, un ancien professeur au Gymnase Auguste-Piccard, à Lausanne. L’encadrement qu’il propose dépasse l’apprentissage strict des différentes matières. Il inclut notamment des moments de méditation, des entretiens individuels et des discussions philosophiques autour du rapport aux autres et du sens à donner aux branches enseignées. «Faire la maturité en autodidacte est plus difficile, souligne l’enseignant. Il faut se confronter à ses doutes, structurer son temps. Mais c’est aussi un terrain très propice au travail sur soi et à la clarification de ses aspirations.»
Robin et Thibault sont des habitués de l’apprentissage en solitaire. Ils ont passé toute leur scolarité obligatoire à la maison, avec seulement quelques brefs passages, peu concluants, dans des écoles privées ou publiques (dont sept mois dans un gymnase pour Robin). Leur mère est d’ailleurs la coprésidente de l’Association Faire l’école en liberté (FEEL), qui conseille et offre un espace de rencontre pour les parents ayant décidé de scolariser leurs enfants à la maison. Une possibilité offerte par la loi vaudoise sur l’enseignement obligatoire.
Ce type de scolarité ne concerne cependant souvent que des enfants en bas âge. A l’adolescence, les matières se complexifient, et une majorité rejoint le cursus traditionnel, notamment pour obtenir leur diplôme de maturité. Quelques-uns choisissent cependant de suivre seuls des cours à distance, puis de passer la maturité fédérale. «Il y a une tendance à se préparer hors d’une école, confirme Alexandre Monnerat, conseiller scientifique au Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). Mais nous ne pouvons la chiffrer, car nous considérons que toutes les personnes qui s’inscrivent à l’examen suisse de maturité sont des autodidactes. Ce que nous pouvons dire est que plus l’encadrement est important, plus il y a de chances de réussir.»
Thibault passera fin août la première partie de l’examen suisse de maturité. Robin a quant à lui déjà passé avec succès cette étape. Son deuxième partiel aura lieu en février prochain. En 2016, plus de 1500 personnes ont pris part à cet examen fédéral, et 500 l’ont réussi. A titre de comparaison, 12 697 étudiants étaient inscrits dans les gymnases vaudois sur la même période .
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