Holdigaz accepte une baisse de tarifs de 3% sur pression de Monsieur Prix

Holdigaz truste depuis des années la tête du classement des compagnies de distribution du gaz les plus chères de Suisse romande, selon les tableaux de la Surveillance des prix. La société veveysanne et ses trois principales filières (Compagnie industrielle et commerciale du gaz, Société du gaz de la plaine du Rhône et Cosvegaz) y apparaissent en rouge vif, soit la catégorie «plus de 25%» de hausse par rapport au prix moyen romand.

Pour justifier ces tarifs, Holdigaz invoque trois raisons: un réseau de conduites décentré de 1800 km desservant 166 communes sur trois cantons de Suisse romande, des charges à la collectivité importantes et des comparaisons entre compagnies biaisées. Certains consommateurs, notamment sur la Riviera, dénoncent au contraire un abus de position dominante et ont fait connaître leur courroux à Monsieur Prix, Stefan Meierhans, qui a mené son enquête, comme l'a révélé Le Régional le 22 février.

Contacté par 24 heures, Beat Niederhauser, chef de bureau à l'Office de la surveillance des prix, livre les conclusions de son analyse, qui seront publiées début mai. En substance, la nouvelle grille tarifaire prévue de longue date par Holdigaz, et entrée en vigueur le 1er avril, devra faire état d'une baisse moyenne de 3%. «Cela est le résultat d'un accord à l'amiable trouvé entre Monsieur Prix et Holdigaz, explique-t-il. Le coût pour le consommateur porte sur deux aspects: le prix du gaz et celui de son transport. Ces 3% sont la conséquence d'une diminution de 6% sur la composante du transport.»

Quant à savoir si Holdigaz se rend coupable d'abus sur ses prix, Beat Niederhauser reste pour le moins évasif: «Au vu de l'accord trouvé, nous en sommes restés à une pré-analyse, qui a conclu que l'entreprise pouvait consentir à une baisse.»

Comparatif «peu habile»

Cette baisse a beau relever du compromis, Holdigaz la qualifie tout de même d'«importante», compte tenu des trois baisses enregistrées au cours des vingt-quatre derniers mois, «soit une baisse moyenne de 20% pour notre clientèle chauffage», précise Luisa Helms, sous-directrice.

S'il ne conteste pas que la société occupe le haut du panier des distributeurs les plus chers, Philippe Petitpierre, président et administrateur-délégué du groupe, considère «peu habile» l'exercice des comparaisons entre compagnies: «Les contraintes sont très différentes d'une région à une autre, d'une société à une autre. Cela revient à comparer des pommes et des poires.»

L'homme fort du groupe invoque également les contraintes d'une société privée par rapport à une société industrielle en mains publiques: des impôts (communal, cantonal et fédéral), des rémunérations d'actionnaires, «dont Vevey, le plus important», le paiement de droits d'utilisation du sous-sol.

«Clairement insuffisant»

Ces 3% de baisse ne sont clairement pas excessifs pour Stéphane Molliat, conseiller communal veveysan. Depuis plusieurs années, l'élu Vevey Libre a passé au crible les tarifs de la compagnie et réalise ses propres tableaux comparatifs. «Ils ont fait un effort, mais cela reste clairement insuffisant. Selon mes nouveaux calculs, les prix à Lausanne, Morges et Vallorbe sont entre 11% et 22% meilleur marché pour une villa individuelle, entre 13% et 17% pour un immeuble de 25 appartements. C'est une situation de monopole, les dirigeants d'Holdigaz se comportent comme des roitelets! Ils pratiquent des prix parmi les plus chers de Suisse et la plupart des gens l'ignorent.»

Le 26 janvier, Stéphane Molliat a une nouvelle fois attaqué la société devant le Conseil communal et sollicité l'avis de la Municipalité – qui compte un représentant au conseil d'administration. La réponse de l'Exécutif est attendue lors de la prochaine séance du 18 mai.