La formation professionnelle doit être valorisée et soutenue. Tous les partis politiques vaudois semblent s’accorder sur ce point. La promotion de cette filière trouve également une large place dans le programme de législature 2022-2027 du Conseil d’État.
La Session des jeunes 2023, qui a réuni septante personnes de 14 à 20 ans provenant de tout le canton, est arrivée exactement au même constat: la formation professionnelle souffre d’un déficit de crédibilité auprès d’une grande partie de la population. À l’issue de cette Session, plusieurs propositions ont été formulées par les participantes et participants. L’une d’elles vise à déstigmatiser l’apprentissage par le biais d’une modification de la stratégie de communication de l’État sur les débouchés offerts par la voie générale (VG) et par la voie prégymnasiale (VP). Le chef du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) a d’ailleurs déclaré que «faire un apprentissage, c’est aussi faire des études». Ce discours va dans la bonne direction, mais la réalité du terrain malheureusement un peu moins.
«Il apparaît dangereux de proposer un diplôme tout juste utile pour une seule profession.»
Depuis le début de la présente année scolaire, les apprenties et apprentis des métiers de la vente reçoivent un enseignement basé exclusivement sur des compétences opérationnelles au lieu d’un enseignement qui fait la part belle à la culture. Cette approche très utilitariste, qui matérialise un fort désir de pure employabilité émanant de quelques entreprises, n’est pas sans risques. S’il est évident que les élèves doivent acquérir durant leur formation des compétences transposables dans le monde du travail, cela ne doit pas se faire au détriment de l’acquisition d’un solide bagage culturel.
Le Département, qui se plie à une exigence fédérale, admet lui-même que ce modèle pourrait poser des problèmes. En effet, le fait de n’avoir pas bénéficié d’outils didactiques ou d’apports de connaissances académiques pourrait compliquer la reprise d’études pour une apprentie ou un apprenti. Cela pourrait aussi rendre plus difficile l’obtention d’une maturité professionnelle, dont les cours reposent en partie sur des éléments théoriques forts.
La clé: la flexibilité
De plus, à vouloir privilégier uniquement l’opérationnel au détriment d’une formation générale, on prend le risque de cantonner la relève dans une case de laquelle il lui sera difficile de sortir. Alors que notre monde se numérise sans cesse et que beaucoup de métiers sont amenés à évoluer voire à disparaître, il apparaît dangereux de proposer un diplôme tout juste utile pour une seule profession, si celle-ci devient finalement obsolète. La clé réside dans la flexibilité de la formation, pas dans la vision court-termiste de la stricte employabilité.
En dépit des discours concordants de la plupart des actrices et acteurs de la société vaudoise, cette situation affaiblit donc, paradoxalement, davantage la formation professionnelle qu’elle ne la valorise.
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L’invité – Veillons à ne pas affaiblir la formation professionnelle
L’acquisition d’un solide bagage culturel doit être aussi privilégiée, estime notre contributeur.