On y est! Le Théâtre de Vidy-Lausanne a achevé sa mue. En une poignée de décennies, l’héritage du pavillon éphémère conçu par Max Bill pour l’Expo 64 s’est érigé en phare de la création scénique contemporaine sous l’égide de Charles Apothéloz puis de ses directeurs successifs, de Franck Jotterand à Vincent Baudriller – qui fêtera en septembre sa dixième année à la barre du théâtre au bord de l’eau. Après deux ans et demi de travaux de rénovation et de mise aux normes techniques et sécuritaires, voilà Vidy propulsé au XXIe siècle!
Bien sûr, l’institution polarise. Les tenants d’un théâtre populaire pourfendent une ligne artistique jugée trop radicale voire élitiste. Bien sûr, cette fabrique de spectacles ultrasubventionnée (le montant sera d’ailleurs revu à la hausse) crispe les actrices et acteurs de la création scénique indépendante. En coulisses, le lancement en grande pompe du tarif flexible «Vidy à ton prix» a fait grincer des dents, quand d’autres institutions dépendent des recettes de billetterie pour assurer leur survie.
«Cette rénovation est à la fois discrète et fondamentale pour ses usagers et pour le public.»
Mais, de tout temps, les vaisseaux amiraux ont été dans le viseur de la critique et… il n’y a pas d’art sans controverses. La pandémie a révélé à quel point la culture figurait parmi les biens essentiels. Réjouissons-nous, donc, du retour du public dans les salles de spectacle, dont le regain de ferveur est visible depuis l’automne dernier. Saluons aussi la diversité et la qualité des artistes vaudois et romands à l’affiche, dès la semaine prochaine, de la riche seconde partie de saison de Vidy: Emilie Charriot, Cédric Djedje, Alain Borek, Mamu Tshi, François Gremaud ou Marion Duval.
On surprenait justement cette dernière, il y a quelques jours, en pleine effervescence créatrice dans la nouvelle salle de répétition. Preuve que Vidy est au service des artistes du cru, cette immense boîte noire bâtie à l’est du pavillon de Max Bill répond à un manque crucial d’espaces dévolus au temps d’exploration, aux répétitions étalées sur plusieurs semaines, et libère les plateaux des quatre autres salles, lesquelles pourront accueillir des séries de représentation plus longues. Un véritable atout pour la création locale.
Cette rénovation est à la fois discrète et fondamentale pour ses usagers et pour le public. En metteur en scène d’un chantier exigeant, Pont 12 a su conserver l’esprit de Max Bill et concevoir un théâtre moderne. On est vernis!
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Éditorial – Veni, Vidy, vernis
Le théâtre au bord de l’eau retrouve son écrin après deux ans et demi de travaux.