Rencontre avec Jean-Pierre Jeunet«Vingt ans après, Amélie Poulain fait toujours des émules»
Le personnage incarné par Audrey Tautou a conquis le monde. Le réalisateur du «Fabuleux destin» a toujours préservé cet univers du clonage.

Même après vingt ans, le monde d’Amélie est resté fabuleusement le même: cette jeune fille timide à la coupe au bol et à la frange tant imitée s’exprime à travers les yeux et le sourire d’Audrey Tautou. Elle a ses petits rituels, prend plaisir à casser la croûte de la crème brûlée avec le dos de la petite cuillère et est capable de se liquéfier et de se transformer en flaque d’eau quand elle pleure. Elle évolue dans un Paris intemporel, brillant et coloré, peuplé de personnages aux rêves perdus, aux cœurs brisés et aux existences mélancoliques. Alors qu’elle leur donne un petit coup de pouce vers le bonheur, elle s’imagine comme étant «la marraine des marginaux, la madone des indésirables». L’auteur de l’œuvre, Jean-Pierre Jeunet, a préservé cet univers du clonage, refusant les remakes et les séries télévisées (à part une comédie musicale de Broadway, qu’il n’a jamais vue). Jean-Pierre Jeunet nous en parle avec amour, tel un père qui évoquerait son fils préféré. C’est lui qui nous pose la première question: «Quel était le titre du film en italien? Ils m’avaient proposé «Amélie, un amore», mais j’avais refusé», nous raconte-t-il en riant.