Centre-ville de LausanneVitrines fermées: le Covid n’est pas la source de tous les malheurs
Pour l’heure, la capitale vaudoise ne déplore officiellement qu’une fermeture de commerce en raison de la crise sanitaire.

«Encore une victime du Covid.» C’est ce qu’on peut être tenté de penser lorsqu’on découvre une enseigne définitivement fermée en parcourant les rues de la capitale vaudoise. Si la crise sanitaire a des conséquences sérieuses sur des pans entiers de l’économie, les boutiques ont tenu le coup jusqu’à la fin de l’année. Au final, seule l’une d’elles fermera ses portes à la fin du mois en raison du coronavirus. Malgré les espoirs suscités par l’arrivée du vaccin, l’inquiétude est palpable dans les commerces.
«Plusieurs boutiques ont fermé en 2020, mais aucune ne semble liée à la pandémie. Au contraire, nous avons enregistré 45 nouvelles adhésions en raison de l’opération Enjoy Lausanne.» Secrétaire général de la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL), Tomé Varela ne représente de loin pas toutes les enseignes de la ville, mais il en soupirerait presque de soulagement. Une étude confirmait, en octobre dernier, que le nombre de faillites était inférieur à celui de 2019.
«Je pense que le but de tous a été de tenir le plus longtemps possible»
Comme chez les restaurateurs ou les milieux culturels et sportifs, le commerce de détail a tout de même accusé le coup ces derniers mois, bien que les boutiques n’ont pas eu à fermer leurs portes. «Je pense que le but de tous a été de tenir le plus longtemps possible, car la fin de l’année représente parfois un tiers du chiffre d’affaires annuel», avance Tomé Varela. Il ajoute que, pour tenir, beaucoup ont produit un effort considérable en arrêtant de se verser un salaire, avec un risque marqué de précarisation de cette part de la population.
De belles Fêtes
Avec les mesures sanitaires, les badauds ont été moins nombreux dans les rues et la concurrence des achats sur internet s’est accrue drastiquement. «On a constaté une progression de 55% du commerce en ligne, alors qu’il ne progressait que de 10% par an jusque-là», indique le représentant des commerces.
Les fêtes de fin d’année semblent toutefois avoir été fastes. La SCCL vient de lancer un sondage auprès de ses membres. Les premiers résultats semblent indiquer que les commerçants ont retrouvé le sourire au cours de cette période, avec un chiffre d’affaires supérieur à décembre 2019. Mais à la question de savoir comment ils envisagent les trois prochains mois, les réponses varient entre «pas bien» et «pas bien du tout» pour la majorité d’entre eux.
Première victime
À la rue Caroline, la boutique de mode Camille fermera définitivement à la fin du mois, le temps de tout liquider, y compris les meubles. Pour le moment, c’est la seule enseigne connue de la police du commerce qui ferme en raison du Covid-19. Dans son local perché en haut des escaliers, Camille Barki fait bonne figure mais il n’en mène pas large. Le manque de liquidités engendré par la crise et des déboires l’ayant précédée a eu raison de cette aventure «Après l’article de Heidi News et mon passage à la télé, mes clientes m’ont soutenu d’une manière incroyable», remercie-t-il. Ces aides spontanées lui permettront de payer ses factures privées ces trois prochains mois.
Si sa boutique est la première à disparaître en raison de la pandémie, il ne doute pas que d’autres suivront. «Il y en a qui sont au bout du bout mais ne disent rien, de peur d’effrayer la clientèle», estime le vendeur, qui ne se voit pas rouvrir une autre enseigne. À 56 ans, il devra se réinventer une vie.
La crise actuelle est certes éprouvante pour de nombreux commerçants mais elle permets aussi de mettre en avant ceux qui font leur travail de manière consciencieuse et ont su fidéliser leur clientèle. Ils ont eu pour la plupart de belles années florissantes qui leur ont permis, pour les plus prudents, de faire de belles réserves qui sont maintenant les bienvenues. Ils ont su se renouveler et coller à l'air du temps en s'adaptant à un marché de plus en plus compétitif où seuls les meilleurs tirent leur épingle du jeu. Dans le cas de Camille, la crise actuelle n'est certainement pas la seule raison de cette triste fermeture. On relèvera un manque de vision, des produits ne correspondant souvent pas aux attentes de la clientèle locale et un accueil pas toujours à la hauteur et variant en fonction de l'humeur du patron des lieus. Un vrai esprit commerçant a souvent manqué et, quand on passe à la caisse avec plus de 600 francs d'achat en période de soldes et qu'on refuse votre carte de crédit en invoquant une faible marge, on comprends alors que la satisfaction du client n'était pas toujours au centre des priorités de cette échoppe. Une remise en question permanente est de nos jours indispensable et ceux qui ne mettent pas le client au centre de leurs priorités n'ont plus aucune chance de succès. Bon vent à Camille, on lui souhaite de rebondir rapidement!