A. C. Chavannes, pédagogue, précurseur de l’anthropologie
Sa «Science générale de l’homme» restée à l’état de manuscrit pendant deux cents ans est enfin accessible.

En 1825, paraît à Lausanne une brochure qui rapporte une scène étrange. Pierre David Bocherens, ancien conseiller d’Etat mort l’année précédente, y rencontre – sur la Lune – le professeur Alexandre César Chavannes, décédé vingt-quatre ans plus tôt. Alors que l’on projette de réformer le Collège de Lausanne, les deux défunts décident de s’adresser «dans un rêve» à l’un des promoteurs de cette réforme pour lui suggérer de s’inspirer de l’Essai sur l’éducation intellectuelle publié par Chavannes en 1787 et que ses compatriotes ont depuis «oublié». Ce dialogue d’outre-tombe sert de préface à la réédition d’une courte partie de l’Essai. Cette petite scène peut valoir de symbole pour toute l’histoire d’Alexandre César Chavannes et de son œuvre: sans cesse célébré comme un penseur d’avant-garde, il disparaît tout aussi régulièrement de la mémoire collective.